Aujourd'hui nous allons traité de l'histoire d'un soldat français durant la Première Guerre Mondiale.
Jean-Marie Gillet.
Et si il a le même nom que moi, ce n'est pas pour rien, car l'histoire que je vous partage est celle de mon arrière grand-père dont j'ai hériter de son nom.
Jean-Marie est né le 6 mars 1883 à Loyettes (Ain), il est le fils de François Gillet, ancien combattant de la guerre de 1870, et de Clothilde Thollon.
Il grandit à Loyettes (Ain) où il reçoit une éducation de base dans l’école communale puis est formé à la cordonnerie. Il voue une véritable passion à son métier et quand vient l’heure de l’émancipation il part s’installer à Sault-Brénaz (Ain).
Le 16 Novembre 1904, il est appelé à effectuer son service militaire au sein du 133e Régiment d’Infanterie de Belley comme soldat de 2e classe sous le matricule de recrutement N° 363. Son métier est recherché au sein du régiment, il est alors promu soldat-ouvrier cordonnier le 26 novembre 1905. Il termine son service militaire le 27 Juillet 1907 avec son certificat de bonne conduite. Le 1e Octobre de la même année, il est transféré administrativement dans l’Armée Territoriale.
Jean-Marie est né le 6 mars 1883 à Loyettes (Ain), il est le fils de François Gillet, ancien combattant de la guerre de 1870, et de Clothilde Thollon.
Il grandit à Loyettes (Ain) où il reçoit une éducation de base dans l’école communale puis est formé à la cordonnerie. Il voue une véritable passion à son métier et quand vient l’heure de l’émancipation il part s’installer à Sault-Brénaz (Ain).
Le 16 Novembre 1904, il est appelé à effectuer son service militaire au sein du 133e Régiment d’Infanterie de Belley comme soldat de 2e classe sous le matricule de recrutement N° 363. Son métier est recherché au sein du régiment, il est alors promu soldat-ouvrier cordonnier le 26 novembre 1905. Il termine son service militaire le 27 Juillet 1907 avec son certificat de bonne conduite. Le 1e Octobre de la même année, il est transféré administrativement dans l’Armée Territoriale.
En 1909, âgé de 26 ans il décide d’aller habiter à Lyon et il y rencontre une jeune fille : Marguerite Ladige avec qui il commence à fleurter. Mais il doit de nouveau se rendre à Belley du 20 Août au 11 septembre pour effectuer sa première période d’exercice au sein du 133e R.I. Il devra s’y rendre de nouveau du 14 au 20 Mai 1913.
Du côté de la vie lyonnaise, Jean-Marie et Marguerite emménage ensemble et ont un premier enfant : Aimé le 8 Août 1912. Mais ils ne sont pas mariés et l’évènement fait un grand scandale au sein de leurs familles et dans le quartier… ils ″régularisent″ leurs situations en se mariant le 08 Février 1913 à Lyon. |
Quand la guerre éclate Jean-Marie est rappelé au service actif durant la mobilisation du 1e Août 1914, il intègre la 17e Compagnie du 333e Régiment d’Infanterie[1]. Et ce au désespoir de Marguerite qui attend un autre garçon. Alors que le Régiment commence son mouvement, Jean-Marie devient de nouveau papa quand nait Jean, le 19 Août 1914.
Le 333e est immédiatement envoyé dans la Bataille de Lorraine, avec la Trouée des Charmes, le bois du Haut-de-Mont, Bois de Guignebois, Gerbéviller, Bois d’Einvaux jusqu’en Septembre puis se confine sur le secteur de Crion pour ″La Guarde en Lorraine″. Le Régiment se déplace sur Arracourt, Ranzey, Bezangue-la-Grande et harcèle les allemands sans cesse. Finalement le 333e n’as le droit qu’à un peu de repos après 4 mois de durs combats, en novembre et ne réintégrera le front qu’entre Noël et le Nouvel An avec les secteurs de Serres-Athienvile, Hoeville, Erbéviller & Ferme Sainte-Marie. Le 333e s’engage dans 5 mois de combats continus et ne quittera le secteur que le 30 Avril 1915 et s’installe pour un mois dans les secteurs de Parroy, Barthelémont, Beauzemont, Etang de Parroy & Einville au Jard. Le régiment peut partir au repos pendant 1 mois avec la satisfaction de n’avoir jamais reculé. Le 333e reprend les combats en Juin lors des attaques de Vého avec les secteurs de Vého, Leintrey, Reillon & Gondrexon. Une fois les combats du secteur terminé, les hommes se portent sur les secteurs de Valhey à Barthelémont et de Reillon à Saint-Martin-Herbéviller pour des missions de gardes et de travaux. En Octobre, une offensive allemande malmène le régiment à l’aide d’un bataillon de Chasseurs Bavarois et de zeppelins, mais les soldats tiennent le coup, rétablissent la situation et reprennent les tranchées perdues et ce jusqu’au 27 décembre 1915. Le Régiment est finalement relevé et part en repos pour un mois avant d’être envoyé près de Pont-à-Mousson sur un secteur s’étendant de la Moselle à la Forêt de Facq. Les lignes ennemies sont tellement proches que les soldats voient les avions et les zeppelins ennemis décoller de Frescaty ! Le régiment fortifie si bien le secteur, qu’il est cité comme modèle et que les allemands ne parviennent pas à le prendre. Durant la guerre, Jean-Marie tente de s’occuper l’esprit, comme tous ses camarades, il écrit des lettres bien entendu, mais se découvre un talent méconnu : la sculpture ! Passionné par la cordonnerie et la pêche, il ramasse des éclats de bois et sculpte plus d’une centaine de chaussures, d’éléments de cordonnerie et de poisson. Avec un peu de métal il créera une petite enclume. [1] Le 333e R.I est le régiment de réserve du 133e Régiment d’Infanterie |
Mais le 16 Avril 1916, la guerre tourne mal pour lui et ses camarades… La 17e Compagnie est stationné dans le Bois du Juré, mais cette dernière zone est la cible de l’artillerie allemand, Jean-Marie et sa section voit un obus allemand frappé leur tranchée et ils sont tous enterrés vivants. Des camarades se précipitent pour aider les infortunés, ils s’aperçoivent assez rapidement que Jean-Marie est en train de déambuler dans le No-Man’s Land sans avoir réellement conscience de ce qu’il fait. Il est récupéré et envoyer dans un hôpital de campagne. Le Journal de Marche du Régiment notera seulement un cynique ″R.A.S″…
Malheureusement pour lui, les Chocs Post-Traumatique ne sont pas encore connue et la sévérité de la médecine militaire va l’engager lui et son épouse dans une tout autre guerre… On lui diagnostique une ″Neurasthénie″[1] et des ″problèmes mentaux″, il est ensuite envoyé à l’Hôpital Pasteur de Besançon, où il y reste quelques temps avant d’être balloter d’un hôpital psychiatrique à un autre. La famille et les amis se relayent pour aller lui rendre visite et prendre des nouvelles.
Son beau-frère, Joseph Ladige, qui est aussi dans le 333e R.I (19e Compagnie) passe une partie de ses permissions pour tenter de lui remonter le moral. Le 19 juin 1916, un ami de la famille passe le voir pour donner des nouvelles à sa mère, il écrit notamment que ″physiquement il se porte très bien, jamais je ne l’avais vu aussi gras, mais malheureusement le moral est un peu atteint″ […] ″il se figure qu’on la mit là comme en prison, qu’on veut lui faire du mal″.
Mais dans un même temps, Jean-Marie reste calme, il est principalement indifférent à tout, il refuse d’écrire à sa femme et à sa famille ou d’aborder ne serait-ce que le sujet. Mais cette indifférence s’efface uniquement face à la souffrance de ses camarade, à de nombreuses reprises il reste à leurs chevets quand cela est nécessaire et va parfois jusqu’à les soigner lui-même.
[1] État durable d'abattement accompagné de tristesse.
Malheureusement pour lui, les Chocs Post-Traumatique ne sont pas encore connue et la sévérité de la médecine militaire va l’engager lui et son épouse dans une tout autre guerre… On lui diagnostique une ″Neurasthénie″[1] et des ″problèmes mentaux″, il est ensuite envoyé à l’Hôpital Pasteur de Besançon, où il y reste quelques temps avant d’être balloter d’un hôpital psychiatrique à un autre. La famille et les amis se relayent pour aller lui rendre visite et prendre des nouvelles.
Son beau-frère, Joseph Ladige, qui est aussi dans le 333e R.I (19e Compagnie) passe une partie de ses permissions pour tenter de lui remonter le moral. Le 19 juin 1916, un ami de la famille passe le voir pour donner des nouvelles à sa mère, il écrit notamment que ″physiquement il se porte très bien, jamais je ne l’avais vu aussi gras, mais malheureusement le moral est un peu atteint″ […] ″il se figure qu’on la mit là comme en prison, qu’on veut lui faire du mal″.
Mais dans un même temps, Jean-Marie reste calme, il est principalement indifférent à tout, il refuse d’écrire à sa femme et à sa famille ou d’aborder ne serait-ce que le sujet. Mais cette indifférence s’efface uniquement face à la souffrance de ses camarade, à de nombreuses reprises il reste à leurs chevets quand cela est nécessaire et va parfois jusqu’à les soigner lui-même.
[1] État durable d'abattement accompagné de tristesse.
Les médecins militaires n’ont jamais assez de mots durs pour qualifier ce genre de troubles, que ce soit pour Jean-Marie ou les autres soldats. Dans le cas de Jean-Marie il est dit ; ″troubles mentaux″ ″démence précoces″ "Déficience intellectuelle, indifférence, apathie complète, idées vagues et dégénérescence héréditaire" ″dangereux pour lui et pour les autres″. Le 19 Août 1916, la Commission de Réforme de Besançon le transfert dans les "Services Auxiliaires" : les hommes considérés inaptes pour déficience mentale ou physique sont tout de même sujet aux obligations militaires sous formes des Services Auxiliaires, ces hommes sont alors envoyés dans des bureaux, des dépôts, des services de santés pour y effectuer des petites tâches. Mais cette nomination n’est qu’administrative afin de rayé Jean-Marie des effectifs combattants.
Marguerite se donne corps et âme pour faire rentrer son mari à la maison et ne baisse pas les bras devant le refus de l’administration militaire. Mais le problème est double : l’Armée ne sait pas quoi faire de tous ses soldats choqués et n’a pas de traitement pour cela, de plus les soldats touchent encore leurs pensions, mais l’armée les captent à son profit au titre des frais médicaux engagés pour leurs ″soins″. Après des mois de combats, Marguerite obtient le placement de Jean-Marie dans l’Hôpital militaire Desjenettes de Lyon, elle peut ainsi allez le voir tous les jours. Mais elle ne cesse pas d’harceler l’armée et obtient de nouveau un transfère à Chanves (Ain) Situé dans un endroit retiré en pleine campagne, c'est le lieu rêvé pour se reposer au calme. Cette maison forte appartient à une famille de descendance noble, mais après la guerre, il servit de lieu de repos pour les soldats blessés et l'endroit est tenu par des religieuses. Le 27 Juin 1917, la Commission de Réforme du Rhône, déclare Jean-Marie comme réformé N°2 sous la raison de "Délires de persécutions". Ces délires de persécutions sont un mélange de son expérience de la guerre, de son traumatisme dût à l’obus allemand et du refus des médecins de le laisser rentrer chez lui… Ce qui n’aide pas à sa libération. Mais il peut compter sur Marguerite qui se bat comme une lionne par amour et qui finit par obtenir la libération de Jean-Marie contre l’avis médical de l’Armée. Encore une fois on la met en garde du grand danger qu’il représente pour lui et les autres, mais elle passe outre les ″conseils″. Jean-Marie et Marguerite retourne ensemble à Lyon pour quelques années puis décide de s’installer à Sault-Brénaz au calme. Le 15 Avril 1921, le tribunal de Lyon décide de nommé ses deux fils, Marius et Jean : ″Pupilles de la Nations″. La Commission de Réforme le déclare inapte à 100% et le réforme complètement de tout service actifs. Cette décision sera renouveler entre autre en Février 1920, Janvier 1926, Octobre 1927 et Octobre 1929. Jean-Marie doit obligatoirement se rendre aux cessions de la commission. Jean-Marie passe son temps entre la réparation de chaussures et la pêche, il ne présentera aucun danger pour quiconque… Il s’énervera quelque fois contre un indélicat quand ce dernier aura la désobligeance de l’embêter dans sa quiétude, mais cela n’ira jamais plus loin qu’un haussement de ton. La seule trace visible qu’il gardera de la guerre est son regard vide. En Septembre 1939, la Deuxième Guerre Mondiale est déclarée et ses deux fils sont engagés, en juin 1940, lui et sa femme quitte momentanément le village pour s’abriter ailleurs le temps que les troupes coloniales sénégalaises combattent les allemands sur le pont, à moins de 2 rue de leurs maisons. Il verra l’occupation italienne puis allemande avec les actions résistantes. Malheureusement Marguerite meurt le 21 Juin 1944, soit près de deux mois avant l’arrivée du 117e Escadron de Cavalerie de Reconnaissance qui marquera la Libération du village. Malgré tout le stress que cette guère peut engendrer, Jean-Marie restera impassible et ne le fera aucunement ″craquer″ ? Il décédera le 22 Octobre 1954, âgé alors de 71 ans, à cette date son fils Jean est déployé en Algérie en tant que C.R.S pour une mission de sécurisation durant la Guerre d’Algérie. Le registre militaire de Jean-Marie indique: "Campagne contre l'Allemagne en guerre" du 03/08/194 au 16/04/1916 et du 17/04/1916 au 25/05/1917. |
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Jean-Marie était passionnée par son métier de cordonnier mais aussi par la pêche. Ainsi durant ces temps libres dans les tranchées, il sculptera de nombreux petits objets en relation avec ces passions, dans des petits morceaux de bois qu'il trouvait.
voici quelqu'une de ses sculptures:
voici quelqu'une de ses sculptures: