En Août 2017, la Famille M. qui est de mon village natal, déménage de leur maison pour d'autres projets. En faisant leurs cartons, ils me mire de côtés quelques pièces historique familial dont un cadre commémoratif ayant appartenu à Alphonse Abrias. Par cet action, ils savent qu'ils me feront plaisir, mais surtout que la mémoire de leur aïeul sera préservée. C'est pourquoi j'ai retracé le parcours de se poilu pour eux, et pour que cette mémoire perdure. C'est pourquoi vous pouvez lire son histoire, n'oublions pas ce qu'il vécu... Ce qu'ils vécurent tous.
Alphonse Amable Abrias
Né le 20 Novembre 1892 à trois heures du matin, dans la commune des Martres d’Artières dans le canton de Pont-du-Château, Département du Puy-de-Dôme.
Fils d’Annet Abrias (1865 -1934), boulanger et d’Antoinette Coutard (1871 - X ), sans profession. Frère de Gertrude (1898 – 1913) et de Marie Madeleine Anastasie (1902 – X) En 1912, il réside à Lussat, canton de Pont du Château, Département du Puy de Dôme où il exerce le métier de Cultivateur. Il sait lire, écrire et compter, mais n’a pas son brevet de l’enseignement primaire. L’armée le décrit comme ayant les cheveux blond, les yeux gris, un front moyen, un nez rectiligne, un visage rond et mesurait 1, 63 M. [1] Date exacte non précisée. |
Devant effectuer son service militaire à ses 20 ans, soit en 1912, Il est cependant classé dans la première partie de la liste du conseil de révision militaire de 1913 puisqu’il est soutien de famille.
Il incorpore le 10 Octobre 1913 le 92e Régiment d’infanterie de ligne.
La devise du régiment est :
″Debout soldats d'Auvergne ; debout ça va barder ! À moi...! Auvergne !″
Il finit son service militaire avec son certificat de bonne conduite.
Il incorpore le 10 Octobre 1913 le 92e Régiment d’infanterie de ligne.
La devise du régiment est :
″Debout soldats d'Auvergne ; debout ça va barder ! À moi...! Auvergne !″
Il finit son service militaire avec son certificat de bonne conduite.
la Trouée de Charmes Rappelé à la mobilisation Général du 1er Août 1914, il incorpore son Corps d’Armée le 07 dans :
12e Compagnie du 3e Bataillon du 92e Régiment d’Infanterie de Ligne appartenant à la 52e Brigade d’Infanterie de la 26e Division d’Infanterie, du 13e Corps d’Armée de la 1e Armée Française. Il est sur le Front à partir du 08 Août 1914. Le 92e Régiment d’Infanterie participe aux combats de Rambervillers, de Raon-L’étape, Badonviller, Emberménil, Brouderdorff, Bois du Voyers, Plaine-de-Walsch, Domptail. Retour à Rambervillers, Bois de la Coinche. Débute les terribles combats de Hartzviller[1] le 20 Août 1914. Les premières batailles de 1914, sont encore des batailles de mouvements, les troupes se chassant à pieds ou à cheval. Les techniques de feu évolue plus vite que les capacités de déplacements, ça sera à partir d’Octobre 1914, qu’il deviendra nécessaire de se terrer dans le sol pour tenter de se protéger des mitrailleuses et de l’artillerie, ainsi débutera la guerre de positions. Le 24 Août 1914, Alphonse est blessé par une balle à la cuisse droite alors qu’il est en avant-poste avec son bataillon dans le Bois de Colombouchot (Commune de Ménarmont, sur le secteur appelé aussi la Trouée de Charmes). Il n’est évacuer que le 27 quand son régiment est placé en réserve à la sortie nord de Rambervilliers. Il est en zone arrière du 28 Août au 05 Octobre 1914. [1] En Lorraine annexée |
Le Journal de Marche et d’Ordres (J.M.O) du 92e Régiment d’Infanterie indique à la date du 24 Août 1914 :
″24 Août 1914 Le Régiment part[1] vers 15 heures par Hossancout sur Ménarmont dans le but d’arrêter, de concert avec la 25e Division, la poursuite de l’ennemi. Le 3e Bataillon[2] avant-garde s’établie en avant-poste au bois de Colombouchot. Quant aux 2 autres Bataillons, canonnés par l’ennemi dans Ménarmont ils viennent par la nuit dans les bois de la Haie.″ [1] Depuis la position d’Anglemont où le régiment à cantonner la veille. [2] Bataillon d’Alphonse |
Passchendaele & Ypres
Alphonse est de retour au front le 06 Octobre 1914, à cette date le 92e Régiment d’Infanterie est en point d’appui à Fouquescourt. Puis débute les combats de Thiescourt, l’Ecouvillon, Tilloloy, La Chavatte. En Novembre 1914, le régiment participes à l’offensive des Flandres à Zonnebecke, pour la Terrible Bataille d’Ypres, jusqu’en décembre.
Dès le 13 Novembre, le bataillon d’Alphonse se trouve sous un feu nourrit d’artillerie Allemand, avant de tenter de déloger les allemands sur la route de Passchendaele[1]. Ce village vient juste d’être repris par les troupes Anglo-Saxonnes après des mois de combats meurtriers, les pertes (morts, blessés et disparus) s'élevèrent à environ 8 500 Français, 4 000 Canadiens, 250 000 Britanniques, dont au moins 40 000 disparus, le plus souvent noyés dans la boue, et 260 000 Allemands.. L’enjeu est de s’assurer que les allemands ne reprennent pas cette position, car cela a finalement permis de soulager la pression sur l’armée française et le saillant d'Ypres qui a été enfoncé de huit kilomètres.
Pour Alphonse, les bombardements sont quotidiens, comme les morts et les blessés jusqu’au 23 Novembre où le 92e Régiment d’Infanterie est relevé et reste en repos jusqu’au 29. Au 7 décembre, le régiment va à Hemervilliers, si les premiers jours les hommes sont occupés à des travaux de propretés et de maintenance, ils sont ensuite détachés auprès d’unité du Génie pour la création et l’entretien de tranchés. Les hommes ne sont pas exposés au front.
Dès le 13 Novembre, le bataillon d’Alphonse se trouve sous un feu nourrit d’artillerie Allemand, avant de tenter de déloger les allemands sur la route de Passchendaele[1]. Ce village vient juste d’être repris par les troupes Anglo-Saxonnes après des mois de combats meurtriers, les pertes (morts, blessés et disparus) s'élevèrent à environ 8 500 Français, 4 000 Canadiens, 250 000 Britanniques, dont au moins 40 000 disparus, le plus souvent noyés dans la boue, et 260 000 Allemands.. L’enjeu est de s’assurer que les allemands ne reprennent pas cette position, car cela a finalement permis de soulager la pression sur l’armée française et le saillant d'Ypres qui a été enfoncé de huit kilomètres.
Pour Alphonse, les bombardements sont quotidiens, comme les morts et les blessés jusqu’au 23 Novembre où le 92e Régiment d’Infanterie est relevé et reste en repos jusqu’au 29. Au 7 décembre, le régiment va à Hemervilliers, si les premiers jours les hommes sont occupés à des travaux de propretés et de maintenance, ils sont ensuite détachés auprès d’unité du Génie pour la création et l’entretien de tranchés. Les hommes ne sont pas exposés au front.
la barricade de Beuvraignes
et sa guerre des mines
Le 24 Décembre, le régiment est envoyé à Elincourt – Chevincourt pour relever le 86e Régiment d’Infanterie. Le Bataillon d’Alphonse est chargé du secteur de Chevincourt. Le secteur est calme et les hommes peuvent fêter noël dans les tranchées sans avoir à subir d’attaque. Dès le lendemain, le régiment se déplace sur Piermes puis le Bois des Loges. La ″trêve″ tacite de noël prend fin le 28 décembre avec un bombardement allemand. La pluie s’invite et les tranchées deviennent rapidement inondées, ce qui oblige les hommes à fabriquer des ″escabeaux″ de fortunes avec ce qu’ils ont, pour ne pas avoir à patauger dans la boue et l’eau. Le réveillon du nouvel an est à peu près calme, quelques rares obus tombent sur les lignes. Cette situation va perdurer durant pratiquement tous le mois de janvier, alors que le régiment est dans le secteur de Crapeaumesnil / Gare de Beuvraignes[2]. Mais si les hommes ne craignent que peu d’attaques allemandes, ils doivent se battre avec les intempéries…
[1] Actuellement Passendale
[2] Entre Amiens et Compiègne, le 92e est engagé dans la Bataille de la Somme
Les bombardements reprennent sérieusement dès le 28 janvier 1915, près de 200 obus par jours tombe sur le régiment, de plus un tireur d’élite fait des ravages dans les lignes française. Une pluie d’obus de 80 de montagne, détruira la maison, faisant taire le tireur et une mitrailleuse au passage.
Le 25 Mars, le 92e Régiment d’Infanterie tient toujours les mêmes positions sans avoir été relevé ! Et à cette date, un fait particulier attire l’attention des officiers : Afin de pallier visiblement à manque d’obus à Shrapnel, les allemands ont gavés quelques-uns des projectiles avec des cailloux…. L’activité des bombardements allemands est tellement fréquente, que lorsqu’au 2 Avril 1915, 12 obus sont tombés durant la journée, l’officier tenant le J.M.O notera ″Calme plat″.
Les pires bassesses sont tentées pour piéger les soldats français… ainsi à de multiples reprises, les allemands se positionnaient à 20 ou 30 mètres derrières les corps des soldats français restés sur le ″no man’s land[1]″ en attendant qu’une tentative de récupération soit faite et ainsi tuer tout soldat qui essayerait d’aller chercher un copain …. Les allemands allèrent jusqu’à positionner les corps de leurs morts, à défaut de pouvoir les enterrer à cause du gel, dans des tranchées avancées pour faire croire à une (sur)occupation continue du secteur choisi…
[1] Le No Man’s Land est la partie ″neutre″ entre les tranchées françaises et allemandes
Le 25 Mars, le 92e Régiment d’Infanterie tient toujours les mêmes positions sans avoir été relevé ! Et à cette date, un fait particulier attire l’attention des officiers : Afin de pallier visiblement à manque d’obus à Shrapnel, les allemands ont gavés quelques-uns des projectiles avec des cailloux…. L’activité des bombardements allemands est tellement fréquente, que lorsqu’au 2 Avril 1915, 12 obus sont tombés durant la journée, l’officier tenant le J.M.O notera ″Calme plat″.
Les pires bassesses sont tentées pour piéger les soldats français… ainsi à de multiples reprises, les allemands se positionnaient à 20 ou 30 mètres derrières les corps des soldats français restés sur le ″no man’s land[1]″ en attendant qu’une tentative de récupération soit faite et ainsi tuer tout soldat qui essayerait d’aller chercher un copain …. Les allemands allèrent jusqu’à positionner les corps de leurs morts, à défaut de pouvoir les enterrer à cause du gel, dans des tranchées avancées pour faire croire à une (sur)occupation continue du secteur choisi…
[1] Le No Man’s Land est la partie ″neutre″ entre les tranchées françaises et allemandes
Mai 1915 : les soldats du 92e qui s’étaient installés face à Beuvraignes en janvier, sont toujours dans les tranchées de ce secteur… Les assauts et les bombardements des tranchées n’ayant aucuns effets pour chacun des camps, une guerre souterraine débute. Des galeries sont creusées pour tenter de placer des explosifs sous les tranchées ennemies… les tentatives sont plus ou moins réussi car les allemands ne sont pas très discrets et rapidement repérés, ils allumèrent une mine trop top et ne réussirent qu’à vider un étang alors que 3 jours plus tard, le génie français, aidés des hommes du 92e Régiment, firent un trou de 25 mètres de large et 15 mètres de profond dans les lignes allemandes.
Après maintes tentatives, la première galerie allemande à réussir à exploser dans les lignes française date du 10 Juillet. Il en résulte un trou de 12 mètres dans les premières lignes, mais mis à part les dégâts matériels il n’y a ni blessés ni tués côtés français. Cela fait sept mois que ce sous-secteur est tenu par les soldats du 92e Régiment, et si aucune avancée n’est faite par l’un des belligérants, c’est que malgré les moyens déployés, les pertes ne sont pas assez conséquente pour fragiliser les effectifs ennemis et prendre le dessus…
Après maintes tentatives, la première galerie allemande à réussir à exploser dans les lignes française date du 10 Juillet. Il en résulte un trou de 12 mètres dans les premières lignes, mais mis à part les dégâts matériels il n’y a ni blessés ni tués côtés français. Cela fait sept mois que ce sous-secteur est tenu par les soldats du 92e Régiment, et si aucune avancée n’est faite par l’un des belligérants, c’est que malgré les moyens déployés, les pertes ne sont pas assez conséquente pour fragiliser les effectifs ennemis et prendre le dessus…
Août 1915 : Artillerie, avions, tranchées et mines sous terraines n’y font rien… Les mouvements sont rares et chaque camp peut compter ses gains en mètres… L’écart entre les premières lignes de chacun des camps est si peu important que les allemands se permettent de crier quelques avertissements pour faire peur aux français :
″Français ! Capouts ! Prenez-Garde ! Canon de 75 pris aux Russe en Pologne !″
Et déclenchèrent les tirs…
Finalement, les allemands comprennent que leurs tirs d’artilleries déclenchent des représailles des canons français et que cela ralentit grandement leurs travaux de mines car les galeries sont beaucoup trop ébranler à chaque obus reçus. Les tirs cessent pratiquement et chaque camp en profite pour creuser ″secrètement″ leurs propres galeries, en vue de faire exploser les tranchées de l’autre… Mais à force de faire des trous à travers le sol du secteur, une galerie allemande finit par se rapprocher suffisamment d’une galerie française pour que les soldats des deux camps se menacent verbalement ! Ces deux galeries seront anéanties le soir même par une charge explosive et le travail recommence inlassablement...
Il aura fallu attendre 10 mois au régiment (sauf le 1e Bataillon, qui devra attendre 5 jours supplémentaire) pour être enfin relevé du front ! Le 1e Octobre 1915, les troupes laissent leurs places à une autre unité et partent ce reposer en arrière près de Boulogne-la-Grasse. Les soldats peuvent enfin avoir des vêtements neufs et propre[1], manger chaud et à leurs fins, mais le comble du luxe : dormir au sec dans un lit ! Le 5 Octobre, après seulement 4 jours de repos, les hommes reprennent la route pour aller cantonner dans le secteur d’Assainvillers à quelques kilomètres à l’ouest de Boulogne.
[1] C’est probablement à cette période que les soldats du 92e R.I ont troqué leurs casquettes contre le casque Adrian.
CARTE : Vue aériennes de ″Les Loges″, sur le coin inférieur droit on peut apercevoir 102 ans après les faits, les stigmates des tranchées de la première guerre mondiale.
″Français ! Capouts ! Prenez-Garde ! Canon de 75 pris aux Russe en Pologne !″
Et déclenchèrent les tirs…
Finalement, les allemands comprennent que leurs tirs d’artilleries déclenchent des représailles des canons français et que cela ralentit grandement leurs travaux de mines car les galeries sont beaucoup trop ébranler à chaque obus reçus. Les tirs cessent pratiquement et chaque camp en profite pour creuser ″secrètement″ leurs propres galeries, en vue de faire exploser les tranchées de l’autre… Mais à force de faire des trous à travers le sol du secteur, une galerie allemande finit par se rapprocher suffisamment d’une galerie française pour que les soldats des deux camps se menacent verbalement ! Ces deux galeries seront anéanties le soir même par une charge explosive et le travail recommence inlassablement...
Il aura fallu attendre 10 mois au régiment (sauf le 1e Bataillon, qui devra attendre 5 jours supplémentaire) pour être enfin relevé du front ! Le 1e Octobre 1915, les troupes laissent leurs places à une autre unité et partent ce reposer en arrière près de Boulogne-la-Grasse. Les soldats peuvent enfin avoir des vêtements neufs et propre[1], manger chaud et à leurs fins, mais le comble du luxe : dormir au sec dans un lit ! Le 5 Octobre, après seulement 4 jours de repos, les hommes reprennent la route pour aller cantonner dans le secteur d’Assainvillers à quelques kilomètres à l’ouest de Boulogne.
[1] C’est probablement à cette période que les soldats du 92e R.I ont troqué leurs casquettes contre le casque Adrian.
CARTE : Vue aériennes de ″Les Loges″, sur le coin inférieur droit on peut apercevoir 102 ans après les faits, les stigmates des tranchées de la première guerre mondiale.
Malheureusement pour Alphonse et ses camarades, le 16 Octobre après 2 semaines de repos bien mérité, l’ordre tombe : le 92e doit allez se poster dans le sous-secteur des Loges, le bataillon d’Alphonse (3e) sera en première ligne dans le Bois des Loges, qui se situe seulement à quelques centaines de mètres au sud-est des anciennes positions tenues à Beuvraignes.
Bien que de retour en première ligne, les journées sont moins mouvementés que dans les anciennes positions, de plus les hommes sont relevés au bout de seulement 10 jours. Alphonse et son bataillon, peuvent se reposer à Rollot, à quelques kilomètres en arrières-lignes. Le 31 Octobre marque le retour dans le Secteur de Tilloloy près de Beuvraignes où l’activité ennemie est intense. Le début de mois de Novembre est marqué par de fortes intempéries et les hommes recommencent à devoir se battre aussi avec l’eau qui infiltre les tranchées, pendant que les températures commencent à chuter… A plusieurs reprises les 3 bataillons du 92e échangent leurs positions, partent en repose quelques kilomètres en arrière et reviennent dans le secteur : Tilloloy – Assainvilliers – Preines. Puis après tant d’efforts, de sacrifices et de conditions inhumaines, les hommes sont relevés pour 1 mois complet au 24 décembre 1915, le régiment part pour cantonner à Hardvillers et Ebeillaux à plusieurs kilomètres en arrière front et passer Noël au chaud.
Bien que de retour en première ligne, les journées sont moins mouvementés que dans les anciennes positions, de plus les hommes sont relevés au bout de seulement 10 jours. Alphonse et son bataillon, peuvent se reposer à Rollot, à quelques kilomètres en arrières-lignes. Le 31 Octobre marque le retour dans le Secteur de Tilloloy près de Beuvraignes où l’activité ennemie est intense. Le début de mois de Novembre est marqué par de fortes intempéries et les hommes recommencent à devoir se battre aussi avec l’eau qui infiltre les tranchées, pendant que les températures commencent à chuter… A plusieurs reprises les 3 bataillons du 92e échangent leurs positions, partent en repose quelques kilomètres en arrière et reviennent dans le secteur : Tilloloy – Assainvilliers – Preines. Puis après tant d’efforts, de sacrifices et de conditions inhumaines, les hommes sont relevés pour 1 mois complet au 24 décembre 1915, le régiment part pour cantonner à Hardvillers et Ebeillaux à plusieurs kilomètres en arrière front et passer Noël au chaud.
L’activité ennemie est peu intense et les soldats en profitent pour tenter de canaliser l’eau qui s’accumule dans les tranchées. Le 92e y restera comme cela durant 1 mois avant d’être relevé par le 6e Régiment d’Infanterie Coloniale durant la nuit du 19 au 20 février. Alphonse et le reste du 3e Bataillon se rendent à Rollot, puis à Saint-Martin-aux-Bois. Le cantonnement est rudimentaire, mais a le mérite d’être hors du front. Le 23 février, le régiment fait mouvement, le 3e Bataillon cantonne à Avrigny, à seulement 10 km à l’ouest de Compiègne avant un nouveau bond : 18 Km de marche pour Rivecourt le 24. Le 25 tout le régiment doit se rendre dans la gare de Verberie afin d’embarquer dans des trains, la destination est inconnue …
Aucun des bataillons ne débarquent dans la même gare, alors que le 1e et 2e Bataillon arrive à Guvry-sur-Argonne et Villers Daucourt, Alphonse et ses camarades descende à Revigny. Puis en ordre de marche, la prochaine destination est Brocourt-en-Argonne… Il n’y a plus de doute sur la destination…. |
VERDUN
Le 29 février 1916, le régiment fait une marche forcée de près de 32 Km sur des routes mal entretenues pour attendre le cantonnement aux avants du village de Esnes, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Verdun et derrière, ce qui deviendra la tristement célèbre Forêt de Mort-Homme, dont le nom est prédestiné aux actions à venir… Il resteront en cantonnement jusqu’au 5 mars avant de partir en première ligne dès le lendemain.
Le 06 Mars 1916, les allemands pilonnent et attaque les positions du Mort-Homme et du Bois-des-Corbeaux[1], vaillamment défendu par les unités françaises, ces actions deviennent une véritable guerre dans la guerre. Le 07 mars 1916 à 19h00, le 92e RI aux ordres du lieutenant-colonel Macker reçoit l’ordre de se préparer à contre-attaquer le lendemain à 07h00 afin de reprendre le bois des Corbeaux investi par les Allemands depuis la veille.
Dans la nuit du 7 au 8 mars, le régiment s’installe sur ses positions de départ et Macker dispose ses bataillons de la manière suivante :
Le 2e bataillon (Bastiani) doit attaquer le sud du bois et sera soutenu par une compagnie de mitrailleuses aux ordres du capitaine Pépin,
Le 3e bataillon[2] (Rappenue) attaquera la corne ouest du bois et sera lui aussi soutenu par une compagnie de mitrailleuses commandée par le capitaine de la Pomélie.
L’assaut doit s’effectuer en quatre vagues, baïonnette au canon. A 06h00, l’artillerie française donne et écrase les positions tenues par les Allemands. A 07h00, le régiment est prêt à s’élancer. Il y a presque 900 m à parcourir en terrain découvert avant d’atteindre son objectif. Le lieutenant-colonel a demandé à ses hommes d’avancer au pas jusqu’à deux cent mètres du bois des Corbeaux. On se croirait revenu aux assauts de l’été 1914. L’artillerie allemande et les mitrailleuses Maxim postées dans le bois ouvrent le feu sur cette cible magnifique. Malgré les pertes, le régiment poursuit son avance et à 200 m de l’objectif, c’est la charge. Les fantassins pénètrent dans le bois quasiment vide et à 9h ils ont repris la quasi-totalité du bois des Corbeaux après des combats à la grenade et au corps-à-corps. Le régiment a également repris du matériel : une batterie de 90 et une batterie de 75 abandonnées la veille lors de l’assaut allemand. Mais le bilan des pertes est lourd, notamment dans les rangs des officiers avec 4 tués et 13 blessés. Au cours des deux jours suivants, les Allemands vont lancer plusieurs contre-attaques pour reprendre le bois des Corbeaux qui finit par disparaître sous les bombardements incessants. Cette folie durera jusqu’au 15 Mars, mais durant ces 10 jours les soldats des deux camps connaissent toutes les souffrances qu’un soldat peu ressentir dans cette guerre…
[1] Le Bois du Corbeau correspond à la partie Est du Bois de Mort-Homme
[2] Bataillon d’Alphonse
Alphonse Abrias est blessé le 9 Mars 1916[1], et est fait prisonnier de guerre dans le Bois des Corbeaux le lendemain. L’armée Française le note comme prisonnier qu’à partir du 18, probablement parce qu’ils n’avaient pas de certitude sur son sort jusqu’à cette date.
Le Journal de Marche et d’Ordres (J.M.O) du 92e Régiment d’Infanterie indique à la date du 9 Mars :
″9 Mars 1916
Après un bombardement violent (obus lacrymogènes et 210), violente attaque allemande partant de l’Est du bois. Cette attaque à lieu à coups de grenades – luttes corps à corps – les 7e et 8e Compagnies sont particulièrement éprouvées. Le Lieutenant Blanchard, commandant de la 8e Coe est tué, le Sous-Lieutenant Verdoni, Commandant la 7e Cie disparait. La 1e Cie du 139e R.I qui était en réserve intervient, le mouvement en avant de l’ennemi est arrêté. Durant la nuit préparation d’une contre-attaque de notre part″.
Du 8 au 13 Mars 1915, le 92e Régiment d’Infanterie perdra 44 officiers et près de 1 500 hommes : Tués, blessés et disparus…
[1] Pas de mention du type de la blessure
Le Journal de Marche et d’Ordres (J.M.O) du 92e Régiment d’Infanterie indique à la date du 9 Mars :
″9 Mars 1916
Après un bombardement violent (obus lacrymogènes et 210), violente attaque allemande partant de l’Est du bois. Cette attaque à lieu à coups de grenades – luttes corps à corps – les 7e et 8e Compagnies sont particulièrement éprouvées. Le Lieutenant Blanchard, commandant de la 8e Coe est tué, le Sous-Lieutenant Verdoni, Commandant la 7e Cie disparait. La 1e Cie du 139e R.I qui était en réserve intervient, le mouvement en avant de l’ennemi est arrêté. Durant la nuit préparation d’une contre-attaque de notre part″.
Du 8 au 13 Mars 1915, le 92e Régiment d’Infanterie perdra 44 officiers et près de 1 500 hommes : Tués, blessés et disparus…
[1] Pas de mention du type de la blessure
Kriegsgefangener[1]
[1] Prisonnier de Guerre
Après avoir été capturé, interrogé et envoyé en Allemagne, le 19 Août 1916 Alphonse est interné au camp de ″Gefl. Stütgart II″.
Gefl. Stütgart II est la contraction de Gefangener Läger Stütgart Nummer 2 (Camp de prisonnier N°2 de Stuttgart), réputer pour être un camp de prisonnier pour officier, la présence d’Alphonse, qui était un simple soldat peut s’expliquer de deux manières :
1/ il était dans un bloc réservé aux soldats. On ne mélange jamais les soldats et les officiers dans un même bloc de détention.
2/ il était affecté comme Ordonnance auprès d’un Officier Français. C'est à dire chargé d'aider les officiers: nettoyer la chambrée, cirer les bottes, allé chercher le repas, etc ...
A cette époque, Stuttgart à 2 camps de prisonniers : le N°1 & le N°2. Le premier pris place dans un bâtiment neuf d’un lycée et accueillais les soldats, tandis que le second était situé dans une ancienne fabrique de machine et avait la charge des officiers, et avait la particularité d’abriter des civiles ainsi que des infirmiers dans une aile du camp. Les 2 camps totalisent à eux deux, près de 4 500 prisonniers dont les ¾ étaient des soldats blessés ou convalescents sortant des hôpitaux de la région.
Gefl. Stütgart II est la contraction de Gefangener Läger Stütgart Nummer 2 (Camp de prisonnier N°2 de Stuttgart), réputer pour être un camp de prisonnier pour officier, la présence d’Alphonse, qui était un simple soldat peut s’expliquer de deux manières :
1/ il était dans un bloc réservé aux soldats. On ne mélange jamais les soldats et les officiers dans un même bloc de détention.
2/ il était affecté comme Ordonnance auprès d’un Officier Français. C'est à dire chargé d'aider les officiers: nettoyer la chambrée, cirer les bottes, allé chercher le repas, etc ...
A cette époque, Stuttgart à 2 camps de prisonniers : le N°1 & le N°2. Le premier pris place dans un bâtiment neuf d’un lycée et accueillais les soldats, tandis que le second était situé dans une ancienne fabrique de machine et avait la charge des officiers, et avait la particularité d’abriter des civiles ainsi que des infirmiers dans une aile du camp. Les 2 camps totalisent à eux deux, près de 4 500 prisonniers dont les ¾ étaient des soldats blessés ou convalescents sortant des hôpitaux de la région.
Le 6 Mars 1917, le camp de prisonniers Ludwigsburg-Eglosheim, situe Alphonse au ″Läger Stüt. II″. Eglosheim étant le quartier de la ville de Ludwigsburg et situé à environ 5 Km au nord de Stuttgart. Si les officiers du camp ont noté le nom d’Alphonse, c’est qu’il a dût y être envoyé après sa convalescence, ou pour y travailler tout en étant rattaché à celui de ″Gefl. Stütgart II″. Malheureusement pour Alphonse, le travail de ce camp se résume à des carrières de pierres, des cultures et des mines de sel… La discipline de ce camps est particulièrement épouvantable et mirent à rudes épreuves beaucoup de prisonniers.
Retour au Pays
Alphonse est expatrié d’Allemagne le 6 décembre 1918 par la 13e Région Militaire
Il est administrativement détaché auprès du 13e puis 20e Escadron du Train des Armées le 12 janvier et le 28 Février 1919. Cela ne change rien à la situation d’Alphonse, qui est auprès des sien. D’ailleurs Alphonse épouse Marie Madeleine Meyer le 17 Juin 1919 à Lussat dans le Puy-de-dôme. Née le 27 Octobre 1896, elle est la fille de Martin Meyer et de Joséphine Fiessinger.
Alphonse est officiellement envoyer en congé illimité de démobilisation le 24 Août 1919 par le 13e Escadron de Trains des Armées. Il se retire à Lussat avec l’échelon N°341. Il peut être toujours rappelé par l’armée en cas de besoin, mais c’est dorénavant un civil qui va reprendre ses activités d’avant-guerre. Du moins, tant que cela est possible physiquement et mentalement, les troubles du Stress Post Traumatique ne sont pas connues, la population civile et les vétérans ne se comprennent pas, les premiers n’imaginant absolument pas ce que les soldats vécurent, et ces derniers refusent généralement d’en parler, même à leurs proches…
Il passe devant la Commission de Réforme N°18 en exécution de l’ordre 1585/2 de la Commission de la 1e Région le 15/10/1930 & 11/12/1930 afin de toucher une pension d’invalidité pour ses deux blessures. La reconnaissance et le taux d’invalidité d’Alphonse n’ont pas été retranscrits dans sa fiche matriculaire.
Envoyé en affectation spéciale le 20 Janvier 1933 comme électricien au titre d’ancien combattant[1] auprès de la Compagnie des Forces Motrices du Haut Rhin à Mulhouse
Le 29 Novembre 1935, il passe à la commission de réforme de Mulhouse par ordre CM12272 2/1F.
Sans affectation le 07 Février 1936 par l’avis de la Commission de Réforme de Colmar. Le 28 Mai 1936 il passe d’office devant la Commission de réforme de Mulhouse où il est inscrit ″J.M 244″[2]. Le 28 Mai 1937 il passe d’office devant la Commission de Mulhouse où il est envoyé comme affectation spéciale au titre d’électricien de 7e échelon aux Forces Motrices du Haut Rhin à Mulhouse.
[1] Ce qui s’apparente aujourd’hui aux emplois aidés.
[2] Référencement inconnu.
Il est administrativement détaché auprès du 13e puis 20e Escadron du Train des Armées le 12 janvier et le 28 Février 1919. Cela ne change rien à la situation d’Alphonse, qui est auprès des sien. D’ailleurs Alphonse épouse Marie Madeleine Meyer le 17 Juin 1919 à Lussat dans le Puy-de-dôme. Née le 27 Octobre 1896, elle est la fille de Martin Meyer et de Joséphine Fiessinger.
Alphonse est officiellement envoyer en congé illimité de démobilisation le 24 Août 1919 par le 13e Escadron de Trains des Armées. Il se retire à Lussat avec l’échelon N°341. Il peut être toujours rappelé par l’armée en cas de besoin, mais c’est dorénavant un civil qui va reprendre ses activités d’avant-guerre. Du moins, tant que cela est possible physiquement et mentalement, les troubles du Stress Post Traumatique ne sont pas connues, la population civile et les vétérans ne se comprennent pas, les premiers n’imaginant absolument pas ce que les soldats vécurent, et ces derniers refusent généralement d’en parler, même à leurs proches…
Il passe devant la Commission de Réforme N°18 en exécution de l’ordre 1585/2 de la Commission de la 1e Région le 15/10/1930 & 11/12/1930 afin de toucher une pension d’invalidité pour ses deux blessures. La reconnaissance et le taux d’invalidité d’Alphonse n’ont pas été retranscrits dans sa fiche matriculaire.
Envoyé en affectation spéciale le 20 Janvier 1933 comme électricien au titre d’ancien combattant[1] auprès de la Compagnie des Forces Motrices du Haut Rhin à Mulhouse
Le 29 Novembre 1935, il passe à la commission de réforme de Mulhouse par ordre CM12272 2/1F.
Sans affectation le 07 Février 1936 par l’avis de la Commission de Réforme de Colmar. Le 28 Mai 1936 il passe d’office devant la Commission de réforme de Mulhouse où il est inscrit ″J.M 244″[2]. Le 28 Mai 1937 il passe d’office devant la Commission de Mulhouse où il est envoyé comme affectation spéciale au titre d’électricien de 7e échelon aux Forces Motrices du Haut Rhin à Mulhouse.
[1] Ce qui s’apparente aujourd’hui aux emplois aidés.
[2] Référencement inconnu.
La Seconde Guerre Mondiale
Le 10 Mars 1939, il est d’office recruté aux bureaux de recrutements de Besançon et mobilisé sur place le 12. Il est incorporé comme électricien de 3e échelon en zone frontalière le 1e Septembre 1939, jour du début de la Seconde Guerre Mondiale. Alphonse sera finalement réformé définitivement ″N°2″ par la Commission de Réforme de Mulhouse du 29 Septembre 1939, prenant effet au jour même. Il est tout de même noté comme ayant effectué un service armé au front entre le 2 et le 29 Septembre 1939.
Alphonse Abrias décède le 9 Janvier 1973 à Soultz (Haut-Rhin)
Alphonse Abrias décède le 9 Janvier 1973 à Soultz (Haut-Rhin)
Les médailles
Alphonse Abrias, se voit remettre un diplôme indiquant son grade, son régiment, sa blessure et la date et lieu de sa capture. On notera toutefois, que la date indiquée est fausse puisqu’il ne fût pas prisonnier le 10 février 1916 mais le 10 Mars 1916.
Le diplôme est ornés de 4 figures : Le Départ, La Gloire, La résistance et La Paix et où prend place 2 médailles :
La Croix du combattant
Les Poilus de la Grande Guerre ont voulu faire reconnaître par la nation, un statut particulier à ceux qui avaient participé aux durs combats de 1914-1918. La loi du 19 décembre 1926 a créé la carte du combattant pour ceux de 1914-1918, mais également pour ceux de 1870-1871 et des guerres coloniales antérieures à la Première Guerre mondiale. La décoration ne fut créée que trois ans plus tard par la loi du 28 juin 1930 et destinée aux poilus. |
La Médaille des blessés de guerre
L'insigne a été créé par une loi du 11 décembre 1916, sur une idée de l'écrivain nationaliste Maurice Barrès. Son attribution a été accordée aux blessés militaires, prisonniers de guerre, déportés et internés de la Résistance de la seconde Guerre mondiale, puis aux blessés militaires de conflits plus récents. Cent ans plus tard, par un décret no 2016-1130 du 17 août 2016, l'insigne des blessés militaires est remplacé par la médaille des blessés de guerre. Son rang officiel est en cours de définition parmi les décorations militaires françaises. |